Pages

lundi 12 mars 2012

Solides

La cuisine portugaise peut déconcerter. Certains plats sont absolument délicieux, d'autres ne sont pas les plus excitants qu'il existe sur la planète. Mais cette cuisine présente des qualités dont feraient bien de s'inspirer des gastronomies plus réputées. D'abord, les portions sont généreuses et les prix abordables, ce n'est pas rien! Ensuite, c'est une cuisine authentique, fondée sur des recettes traditionnelles et concoctée à partir de vrais produits (et pas des cochonneries sous-vide ou surgelées). Il est rare par contre de se sentir léger en sortant de table.
  • fromages et charcuterie: ils sont généralement présents sur la table du restaurant. Si vous y touchez, vous les payez. Non que le prix soit exorbitant, mais vous aurez bien assez à manger par la suite. Notez tout de même que les fromages et les charcuteries portugais peuvent valoir le détour (ils ont une espèce de Mont D'Or de brebis tout à fait exceptionnel - Queijo de Serra - mais n'espérez pas trouver ça dans le premier restaurant venu).
  • salgados: ce sont de petits encas, généralement proposés en entrée, panés et frits. On y trouve du fromage, de la morue ou d'autres choses. Souvent appétissants, parfois bons, ils ne sont pas toujours servis chauds. Attention à la déception (sans parler de l'apport calorique).
  • soupes: très répandues, elles sont en principe bonnes (par exemple le caldo verde, soupe de chou à la saucisse). Roboratives.
  • bitoque - bifana - bife: steak de boeuf, respectivement de porc, respectivement indéterminé. La viande peut facilement être bonne. Le premier problème, c'est qu'elle est presque toujours servie avec une salade alibi, un oeuf au plat, du riz et des frites maisons (bravo) mais molles (zut). Le deuxième problème, c'est que vous parvenez rapidement à la conclusion qu'il s'agit d'une des options les plus light que vous pouvez trouver sur une carte de restaurant. A point, c'est bem passado, saignant mal passado. Soulignons tout de même que certains restaurants proposent des pièces de boeuf magnifiques, accompagnées de frites croustillantes!
  • dourada grelhada - robalo grelhado : daurade, respectivement loup/bar grillé. Comme le poisson est en général frais, que les Portugais le grillent à l'huile d'olive et gros sel, et qu'ils connaissent leur affaire, ça peut vite être exceptionnel.
  • arroz de tamboril: sans doute le meilleur plat traditionnel. C'est une espèce de risotto à la lotte (baudroie), et oui, c'est vraiment excellent.
  • bacalhau: c'est donc la fameuse morue (cabillaud séché et salé) servie de milles manières différentes, dont certaines excellentes (a brás). Pas sûr toutefois qu'un restaurant, même bon, vous la prépare de manière aussi judicieuse qu'un particulier, surtout que comme la choucroute, cet aliment est vite trop salé.
  • porco alentejano: carrément psychédélique, étonnamment bon. C'est un sauté de porc avec des moules ou des vongoles, dans une sauce à l'ail, vin blanc et pickles. Il existe de délicieuses variantes, mais que l'on ne trouve que chez les particuliers.
  • açorda: soupe de pain épaisse avec des choses dedans. C'est bon, mais c'est spécial...
  • pasteis de nata (ou pasteis de belém, cf photo): repartir de Lisbonne sans avoir goût le pasteis de nata, c'est comme quitter Bruxelles sans avoir mangé de gauffre (de Liège). On les trouve partout, notamment à la confiteria Nacional (à côté de Rossio), celle de Belém (véritable lieu de pèlerinage pour les amateurs) ou encore à la micro-pâtisserie Alfama Doce, dans la Rua de Regueira (les meilleurs selon certains avis convergents). Il y a d'autres desserts intéressants, sous forme de beaux gâteaux appétissants, au cas où vous auriez encore faim après votre repas.
Donc voilà, vous l'avez compris, ce qui manque, ce sont les crudités, les salades, les plats légers à base de légumes. Il y a bien quelques restaurants indiens qui apportent une variété bienvenue (les Portugais se trouvaient en Inde avant les Anglais), mais il s'agit là encore d'une cuisine plutôt riche.


PS Pour les pourboires, c'est du même genre que chez nous. Vous arrondissez, ou vous visez 5%. Rien ne vous empêche de faire mieux, surtout compte tenu du différentiel de pouvoir d'achat entre vous et eux.
(mis à jour le 6 avril 2012)

Liquides


  • café: c'est le point fort du Portugal, et ça compte énormément
  • bière: très peu de diversité, tout se joue entre la Superbock et la Sagres, avec peut-être un petit avantage pour la première. Attention à la commander en bouteille (em garrafa), car la pression ne vaut pas grand-chose. Un peu fade au premier abord, elle se révèle très agréable sur la longueur d'une soirée. Les bières étrangère à étiquettes vertes ne sont pas mieux que chez nous, mais il n'est pas impossible de trouver un pub ici ou là, et donc de la Guinness. Comme le 17 mars, c'est la St-Patrick, ce sera l'occasion de la tester.
  • vin: autre point fort, dans toutes les gammes de prix. Vinho branco, c'est le blanc, tinto, le rouge, quant au verde, c'est un truc typiquement portugais, un vin pétillant qui ne ressemble ni à du champagne, ni à du frizzante. Il existe également des vins doux des plus intéressants, mais le porto ou le madère ne sont pas aussi répandus que vous pourriez le penser, vous êtes à Lisbonne, pas ailleurs.
  • aguardente: techniquement, c'est de la grappa. Si elle est velha (vieille), elle s'approche d'un cognac. Ça peut être assez excellent (et salutaire en tant que digestif).
  • Sumol: il s'agit de la limonade locale, genre Fanta ou Lemon Soda.
  • Ginjinha: apéritif ultra-local, il ne se trouve qu'au coin de la place Rossio (deux bars le proposent). A base de cerises, et plutôt sympa. On le boit debout dans la rue.

Assumer son statut de touriste

Si vous vous êtes rendus à Bruxelles et que vous nourrissez le regret éternel de ne pas avoir vu le Manneken Pis, peut-être faut-il que vous vous intéressiez aux principales attractions touristiques de Lisbonne avant de rentrer.
  • Elevador da Bica: c'est un passage obligé (à deux pas de la place Camões), et sa photo figure dans le téléphone de chaque touriste (cf ci-contre) . Accessoirement c'est aussi le seul funiculaire qui permet de s'épargner une vraie marche.
  • Le tram 28: son parcours est génial, il passe dans tous les endroits qu'il faut voir. Suivre ses rails peut même être une bonne façon de se repérer si vous n'êtes pas très sûr de votre chemin. Moins génial, y trouver une place.
  • Le Panthéon: juste au-dessus de la gare de Santa Apolonia, il ne fait pas partie des destinations les plus courues, mais c'est une erreur. Evidemment, il faut monter dessus, et pas juste le regarder depuis en bas.
  • L'ascenseur de Santa Justa: il faut patienter pendant des plombes pour grimper l'équivalent de quatre étages. Le vrai piège à touriste. Vous avez meilleur temps d'accéder à sa plateforme par le haut, après avoir profité des terrasses du largo do Carmo.
  • La tour de Belém: le problème, c'est que c'est assez loin, et que s'il n'y avait pas autant de choses sympas à faire à Lisbonne, on aurait peut-être plus envie d'y aller.
  • Mosteiro dos Jerónimos: toujours à Belém, mais mieux centré par rapport au quartier. Sans doute plus intéressant que le précédent, et bien adapté à une météo maussade.
(mis à jour le 6 avril 2012)

Cais do Sodré

A la suite du dernier article, une question vous taraude l'esprit: que faire après s'être fait expulsé des bars du Bairro? Dans ce genre de circonstances, le touriste est souvent bien désavantagé par rapport aux locaux qui connaissent les trucs et les adresses plus ou moins officielles. A Lisbonne, il n'en est rien. Il vous suffit de suivre la foule qui migre en masse vers Cais do Sodré (l'observateur non averti serait tenté de croire qu'un stade de foot se trouve au sommet du Bairro, et que le match vient de se terminer). Et si vous voulez anticiper un peu sur la foule, ce n'est pas très compliqué non plus, vous descendez tout droit vers la place Camões, vous la traversez, et vous continuez tout droit jusque tout en bas (parallèlement à l'elevador da Bica).
Cais do Sodré, c'est historiquement le seul quartier de Lisbonne où subsistait un semblant d'animation nocturne durant les cinquante ans de dictature, et où le chaland pouvait se procurer un peu de compagnie féminine tarifée. Cette possibilité subsiste (ou pas, selon des informations récentes), mais ça ne fait ni l'intérêt, ni l'originalité de l'endroit (après tout, la Langgasse à Zurich ou les Pâquis à Genève font tout aussi fort dans le mélange des genres). Non, l'intérêt de Cais do Sodré, ce sont ces boîtes au charme désuet et authentique, car elles n'ont pas changé depuis des lustres. Ni le décor, ni la musique, ni les cendriers n'ont changé, quant aux prix, ce sont ceux de chez nous il y a très longtemps. Décidément, le désuet, c'est très charmant.
Faute d'une étude suffisamment approfondie et documentée, il n'est malheureusement pas possible de vous proposer une liste comparative et détaillée, mais quelques adresses doivent au moins retenir votre attention: Roterdão, Liverpool, ou encore, sur les conseils récents et avisés de la BBC, Sol et Pesca, Pensão Amor, Bar da Velha Senhora ou Music Box. Ces endroits se trouvent dans un périmètre restreint, entre la Rua do Alecrim et la Rua Nova Carvalho. Le week-end, n'attendez pas le dernier moment pour vous y rendre, il y a tellement de monde qu'il est difficile de s'y frayer un chemin.
Maintenant, si vous êtes à la recherche de boîtes un peu plus sélects, du genre de celles où on n'est jamais très sûr de pouvoir entrer, et quand par hasard on y parvient, on se demande pourquoi on s'est donné tant de mal pour le faire, il faut vous éloigner un peu de la zone chaude, le long des quais, en direction de Belem, voire pousser jusqu'à Alcântara (toujours dans la même direction, mais là il vous faudra un taxi).


(mis à jour le 6 avril 2012)

samedi 10 mars 2012

Bairro Alto

Si durant la journée, Alfama et les miradouros constituent les attractions principales de Lisbonne, la nuit, c'est le Bairro Alto qui prend le relais. Le Bairro, c'est une concentration de bars et de restaurants dans de petites ruelles serrées sur la colline qui domine la ville à l'ouest de Baixa.
On entre dans le quartier par le bas, depuis la place Camões, ou par le côté, en face de l'arrivée du funiculaire de Gloria.
Ce qui rend l'endroit particulièrement attrayant, c'est la diversité des bars. Il y en a de toutes sortes et pour tous les goûts, les uns à côté des autres, sans ordre défini: des bars fumeurs, des autres non-fumeurs, des bars brésiliens, africains, techno, rock, alternatifs, des bars à cocktails, des bars intellos, crades, branchouilles, des bars d'étudiants (ça, c'est un peu spécial) ou des bars avec de la musique live. Le choix n'est souvent pas fondamental, car vous allez probablement vous retrouver à boire votre Superbock ou votre caïpirinha dans la rue, comme chez nous. Deux adresses s'avèrent tout de même incontournables:
  • Associação de loucos et sonhadores, Travessa do Conde de Soure 2, tout en haut du Bairro (attention, l'entrée n'est pas facile à repérer), un petit sous-sol chaleureux où vous pouvez vous réfugier s'il fait frisquet ou que vous êtes arrivés trop tôt dans le quartier,
  • Estádio, Rua São Pedro de Alcantara 11, c'est-à-dire en bordure du quartier, un peu au-dessous du miradouro. Ça c'est une institution, un bar comme on en fait plus, et c'est bien dommage. C'est brut de chez brut, intemporel, murs beige-nicotine, tables en formica où l'on boit assis une bière en bouteille. C'est le genre d'endroits où on a l'impression que les marins viennent prendre une dernière bière avant d'embarquer pour la Nouvelle-Zélande ou le Chili (impression fausse, car la clientèle est plutôt alternative), le genre d'endroit qui n'aura plus aucun sens lorsqu'on ne pourra plus y fumer, où on a envie de refaire le monde ou de fomenter une révolution. Bref, si vous manquez Estádio, vous n'êtes pas venus à Lisbonne.
  • Cafe Suave, simple et agréable (y compris la musique), un peu à l'abri du monde, tout en bas du quartier, Rua do Diario de Noticias 6
Notez que le quartier s'anime surtout le week-end, à partir de 23h, et qu'on ne vous laissera pas rester au-delà de 3h (2h la semaine). Et vous seriez étonnés de l'efficacité des Portugais pour vider un bar à l'heure de fermeture. Le quartier abrite également des boutiques, que vous pouvez tranquillement visiter durant la journée, et des restaurants. Si certains ressemblent à des pièges à touristes, d'autres jouissent d'une bonne réputation, par exemple:

(mis à jour le 6 avril 2012)


vendredi 9 mars 2012

Fábulas

Fabulas, c'est le lieu de rendez-vous idéal à Lisbonne s'il ne fait pas assez beau pour squatter une terrasse. C'est en plein centre, c'est grand, on peut y boire un verre ou y manger, il y a un petit coin fumeur (ben non, y a plus!) et le décor est plutôt sympa, branchouille, bobo (cf photo). Ça change clairement de l'Estadio (dont je ne vous ai pas encore parlé), mais en début de soirée, c'est plutôt bienvenu. La carte également diffère des usages lisboètes, avec une cuisine plus légère, et quelques bières exotiques. Sans surprise, tout ça revient un petit peu plus cher qu'ailleurs. La seule difficulté, c'est de trouver l'endroit.
  • Une première solution consiste à emprunter les escaliers de São Francisco, entre la Rua Nova da Almada et la Rua Ivens (rues que vous allez inévitablement croiser si vous vous rendez à Chiado depuis Baixa, pour y faire du shopping, en passant par la gauche de l'ascenseur de Santa Justa - dit comme ça, c'est incompréhensible, mais sur place, ce devrait être facile).
  • L'autre solution, c'est de passer par la cour intérieure, à laquelle on accède depuis la Rua Garrett (qui part du H&M - station de métro Chiado / Baixa - et qui monte vers Chiado). L'entrée de la cour se trouve juste à côté de Zara (franchement, s'il y a une fille qui se perd avec des explications pareilles...).
sympa, branchouille, bobo
FábulasCalçada Nova de São Francisco 14 - Lisboa
(mis à jour le 6 avril 2012)